Au Canada et dans le monde entier, de nombreuses communautés de montagne sont situées dans des régions éloignées et isolées. Les régions éloignées et isolées sont souvent moins exposées aux campagnes de sensibilisation en santé publique que les communautés urbaines, qui bénéficient d’une vaste couverture médiatique et d’un accès illimité à Internet. Les messages destinés aux communautés isolées doivent également être adaptés à leur situation particulière (par exemple, accès limité à l’eau, aux soins de santé et aux fournitures) et les considérations liées à la culture, à la littératie en santé et aux préférences linguistiques, qui peuvent présenter des obstacles à l’adoption de conseils en matière de santé publique.
Dans ce contexte, nous partageons ces conseils de l’Agence de santé publique du Canada qui visent à atténuer la propagation des maladies à coronavirus (COVID-19) au Canada.
Considérations pour les collectivités éloignées et isolées
Ces lignes directrices visent à soutenir les dirigeants autochtones, les ministères de la santé publique, les autorités sanitaires régionales et les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux dans leurs efforts de préparation au COVID-19 pour les collectivités éloignées et isolées (ÉI). Les considérations présentées dans cette annexe sont fondées sur les principes énoncés dans le document Préparation du Canada en cas de grippe pandémique : Guide de planification pour le secteur de la santé.
De nombreux facteurs peuvent influencer l’état de santé d’une personne ou d’une population. Pour de nombreuses collectivités autochtones, la culture et la tradition font partie intégrante d’une approche globale de la santé et du bien-être. Il est par ailleurs essentiel de reconnaître leurs forces uniques, qui contribuent à leur résilience, dont les enseignements des anciens, les relations familiales et communautaires entretenues, la revitalisation de la langue et de la culture, les liens avec la terre, la guérison traditionnelle et les cérémonies culturelles.
L’état de santé global des Canadiens vivant dans des collectivités ÉI peut être influencé par des facteurs sociaux, environnementaux et économiques, notamment le logement, la qualité de l’eau et l’accès à cette dernière, la sécurité alimentaire, les problèmes de santé préexistants, l’accès limité aux soins de santé, l’éducation et le revenu. Outre l’accessibilité limitée aux soins de santé, il importe de tenir compte de ces facteurs pour atténuer la propagation et les effets du COVID-19.
Les variations provinciales/territoriales en matière d’infrastructure, de capacité en ressources humaines et de principes de planification doivent être prises en compte à la lecture du présent document. On recommande de consulter ces lignes directrices en combinaison avec les documents d’orientation et de planification fédéraux, provinciaux et territoriaux pertinents, qui devraient tenir compte des traités, accords et relations déjà en place.
Stratégies d’atténuation des mesures de santé publique
Les collectivités ÉI, en particulier les collectivités autochtones, présentent un risque plus élevé de contracter des maladies infectieuses en raison de multiples facteurs prédisposant à la transmission (par exemple, surpeuplement ou conditions de logement médiocres, mauvaise qualité de l’eau ou manque d’accès à l’eau propre, insécurité alimentaire, affections médicales préexistantes, accès limité aux soins de santé). Dans ce contexte, même en l’absence de cas confirmés, il est important de se préparer à l’importation éventuelle et à la propagation rapide au sein des collectivités ÉI. Il est recommandé de mener une enquête sur les éclosions et une prise en charge précoces en collaboration avec les services locaux de santé publique. Des mesures de santé publique communautaires seront considérées, comme l’isolement volontaire à domicile des personnes malades, la publication d’avis aux voyageurs et, au besoin, la fermeture d’écoles et l’annulation ou le report de rassemblements publics, selon les circonstances locales. Des conseils pour prendre soin d’une personne à domicile atteinte du COVID-19 ont été préparés et comprennent des considérations pouvant s’appliquer aux collectivités ÉI.
Les stratégies et défis éventuels de mise en œuvre de mesures de santé publique communautaires dans les collectivités ÉI sont énumérés ci-dessous :
Manque de fournitures non médicales
La livraison et le transport de fournitures non médicales (par exemple du savon, de la nourriture, des articles ménagers) dans les collectivités ÉI peuvent être difficiles en raison du transport limité ou perturbé à destination et en provenance de la collectivité, et d’autres facteurs comme les intempéries et/ou la maladie empêchant les individus d’avoir accès aux fournitures.
Stratégies à envisager :
Encourager et sensibiliser les individus, les familles et les collectivités (lorsque cela est possible compte tenu des ressources économiques et de l’espace de stockage) à avoir une réserve de fournitures pour répondre à leurs besoins (par exemple, du savon, des produits d’entretien ménager, des aliments et des liquides non périssables, des mouchoirs).
Conditions de logement surpeuplées ou médiocres
Les collectivités ÉI connaissent généralement des taux de surpeuplement plus élevés, et les normes de logement sont souvent inférieures aux normes d’acceptabilité en matière de qualité et de taille. Il s’agit d’un enjeu préoccupant, car le surpeuplement et les conditions de logement insuffisantes contribuent à accroître la probabilité de transmission de maladies transmissibles. Des conseils pour relever les défis uniques de la prise en charge d’une personne à domicile sont présentés dans la section Gestion de la santé publique des cas et des contacts associés aux nouvelles maladies à coronavirus (COVID-19).
Accès limité à l’eau courante
Certaines collectivités ÉI ont un accès limité à l’eau courante ou à l’eau courante propre pour l’hygiène des mains.
Stratégies à envisager :
Accroître la sensibilisation des individus et des familles dans les collectivités ÉI aux mesures de rechange efficaces d’hygiène des mains si l’approvisionnement en eau courante propre fait défaut.
Si l’eau du robinet n’est pas immédiatement accessible, un contenant muni d’un robinet peut être utilisé pour entreposer l’eau destinée au lavage des mains.
Il est recommandé de nettoyer le récipient avant de le remplir (aucun désinfectant particulier n’est nécessaire pour nettoyer le récipient; des produits nettoyants pour usage domestique ou commercial suffisent). Le récipient doit servir uniquement à l’eau utilisée pour se laver les mains (et non pour boire).
Tenez vos mains sous le bec d’un réservoir d’eau, mouillez, lavez avec du savon et rincez.
Vous pouvez placer un seau sous le contenant pour recueillir l’eau qui coule.
Quand il n’y a pas d’eau propre (par exemple lors d’un avis d’ébullition ou lorsque la qualité de l’eau ou sa source est inconnue), envisagez de la faire bouillir (par exemple, faites-la bouillir pendant une minute et laissez-la refroidir complètement).
Dans ce cas, utilisez deux récipients séparés (par exemple, un récipient pour contenir l’approvisionnement en eau et un récipient pour se laver les mains).
Remuez vos mains pour imiter le mouvement de l’eau courante; mouillez-vous les mains, lavez-les avec du savon et rincez-les (de l’eau supplémentaire peut être nécessaire pour le rinçage).
Le récipient utilisé pour le lavage des mains doit être nettoyé et séché après chaque utilisation.
Un désinfectant pour les mains à base d’alcool contenant au moins 60 % d’alcool peut être utilisé pour l’hygiène des mains en l’absence de savon et d’eau. Cependant, si les mains sont visiblement sales, des lingettes pour les mains doivent d’abord être utilisées pour éliminer toute saleté ou matière organique; cela devrait ensuite être suivi par l’utilisation du désinfectant pour les mains à base d’alcool.
Transmission du virus lors de rassemblements publics
Une éventuelle transmission de l’infection pendant un rassemblement pourrait compromettre les ressources déjà limitées des collectivités ÉI.
Stratégies à envisager :
Les collectivités doivent tenir compte de la présence de maladies en leur sein, ainsi que de la disponibilité des fournisseurs de soins de santé, des fournitures médicales de base, des médicaments, des lits et des chambres d’isolement pour les aider à décider d’annuler ou de reporter les rassemblements publics.
Répercussions de la maladie dans les écoles
La fermeture des écoles dans les milieux ÉI peut avoir des conséquences importantes dans la collectivité. En raison du nombre réduit de suppléants dans la collectivité, il peut être impossible pour l’école de mettre en œuvre un plan de continuité des opérations en cas de taux d’attaque élevé si le personnel est malade. Par conséquent, les écoles peuvent rester fermées plus longtemps que dans les collectivités urbaines.
Stratégies à envisager :
Lorsque des systèmes sont en place, les écoles, en coordination avec l’autorité en matière de santé publique, doivent participer à une surveillance active des maladies en milieu scolaire afin de cibler les éclosions ou les situations inhabituelles, comme un taux d’absentéisme des élèves ou du personnel plus important que prévu, ou l’apparition d’une maladie grave.
Les écoles devraient préparer des plans de continuité des activités propres aux besoins uniques de leur collectivité.
Consulter les directives à l’intention des écoles pour prendre connaissance des stratégies de prévention et d’atténuation en milieu scolaire.
Besoin d’adapter les messages
Les collectivités ÉI peuvent ne pas être exposées aux campagnes de sensibilisation à la santé publique au même titre que les collectivités urbaines, car ces dernières ont un accès illimité à Internet et aux campagnes d’information publique. Les messages que les collectivités ÉI reçoivent ne sont souvent pas adaptés ou ne conviennent pas à leur situation (par exemple, un accès limité à l’eau, aux soins de santé et aux fournitures) et les considérations liées à la culture, à la littératie en santé et aux préférences linguistiques peuvent présenter des obstacles à l’adoption de conseils en matière de santé publique.
Stratégies à envisager :
Repérer les collectivités où des stratégies de communication adaptées aux particularités locales sont nécessaires.
Les stratégies adaptées comprennent : envoi postal, radio communautaire, collaboration avec les collectivités voisines pour obtenir de l’information, affiches, porte-à-porte et rencontres communautaires.
On peut également demander à des personnes proches ou inspirant confiance (p. ex. aînés Inuits ou médecins autochtones) de transmettre les messages.
Concevoir et présenter des campagnes adaptées spécifiquement à la situation des collectivités ÉI.