Lac Tahoe, 16-19 octobre, 2019
J’ai eu la chance d’assister au Mountain and Resort Town Planners Summit (Le Sommet des urbanistes de montagne) au Lac Tahoe, États-Unis du 16 au 19 octobre. En tant qu’étudiante qui n’a pas encore décroché son premier emploi dans la planification de villes alpines, l’événement était pour moi un cours intensif sur les problèmes uniques et pressants auxquels font face les stations et les villes alpines. Pour les autres participants (qui comprenaient à la fois des planificateurs et des élus du Canada et des États-Unis), ce fut une chance de créer des liens, de partager et de créer un réseau de personnes qui cherchent à résoudre ces problèmes.
L’événement s’est déroulé sur plusieurs jours, avec un mélange de conférenciers, de panels, d’ateliers, de visites guidées et de soirées de réseautage. La plupart des activités ont eu lieu jeudi et vendredi et comprenaient des discours inauguraux, des conférenciers invités, des présentations de Pecha Kucha et des discussions en groupe, puis des ateliers et des visites guidées après la pause du midi. La conférence a été inaugurée par un Aîné de la tribu Washoe, dont les territoires traditionnels se trouvent autour du lac Tahoe.
Panel de discussion sur les plans d’action concernant le changement climatique, avec des intervenants de Canmore, Aspen, Tahoe Regional Planning Agency et la tribu Washoe
Il y a eu de nombreux moments mémorables au cours de la semaine, dont présenter ma thèse sur les vélos électriques lors des présentations de Pecha Kucha ainsi que des superbes vues sur le lac. Les conférenciers de jeudi et vendredi ont été une source d’inspiration très différente. Jeudi, la directrice exécutive du Tahoe Regional Planning Agency Joanne Marchetta nous a présenté le large éventail de problèmes auxquels sont confrontées les villes alpines – logement, changement climatique, transports, etc. – d’une manière réaliste mais optimiste et avec humour. Le discours liminaire de vendredi fut présenté par Maddie Bowman (une skieuse freestyle hautement décoré) qui a expliquée à quel point le changement climatique nous affecte tous personnellement.
Enjoying Day 2 with Kelly Learned (FRANK Plans) from Canmore AB.
La suite de l’événement a été marquée par des discussions et des apprentissages captivants. J’ai décidé d’assister aux séances sur les indicateurs de bien-être dans les communautés alpines et sur l’avenir des transports dans les villes alpines. Les deux sessions ont impliqué beaucoup de brainstorming et de partage d’expériences des différentes villes. J’ai particulièrement apprécié les discussions sur les transports : de nombreuses villes s’orientent vers une amélioration du service de transport en commun et encouragent la mobilité électrique.
Nous avons également eu la chance de sortir pour des visites guidées en après-midi. J’ai participé à la tournée Urban Lake Tahoe, où nous avons appris un peu d’histoire à propos de South Lake Tahoe, qui chevauche la frontière entre le Nevada et la Californie. La région du Nevada compte plusieurs complexes de casino, tandis que la région de la Californie a été réaménagée pour ressembler à un centre-ville de village alpin. Lors de la visite guidée de Van Sickle Bi-State Park vendredi, j’ai appris comment le parc est géré de manière très unique par les juridictions des deux états ainsi que leur vision pour l’avenir.
Il y avait 3 thèmes récurrents lors de la conférence et au cours de conversations : le logement, le surtourisme et le changement climatique.
Horloge et télécabine: visite du “Urban Lake Tahoe” à Heavenly Village.
Le logement est un besoin universel qui est urgent dans les villes alpines. Les prix de l’immobilier dans de nombreuses communautés ont monté en flèche; une grande partie des maisons unifamiliales et de condos sont devenus des résidences secondaires pour les gens riches. Cela signifie que les professionnels de tous types (ex. urbanistes, travailleurs de l’industrie des services) ne peuvent pas se permettre de vivre dans leurs communautés sans assistance financière. Peu importe le début de la conversation, nos discussions se dirigeait tès souvent vers la main d’œuvre et les logements abordables. Les participants partageaient des stratégies pour offrir davantage de logements.
Le surtourisme est également universel. L’augmentation globale du tourisme a définitivement atteint les villes alpines de l’Amérique du Nord. Bien que la population d’une ville alpine se situe généralement dans les milliers de personnes au courant de l’année, les visiteurs quotidiens ou saisonniers peuvent doubler, tripler ou même quadrupler la population. Dans certains cas, la capacité et les ressources de la communauté atteignent leurs limites. Les transports et comment sortir les gens de leurs voitures étaient un thème central des discussions autour du surtourisme.
Enfin, le changement climatique était l’éléphant dans la salle même lorsque l’on abordait d’autres sujets. Joanne Marchetta a réitéré le message inquiétant transmis par le GIEC : nous n’avons plus beaucoup de temps pour faire face au changement climatique. Il a été reconnu que les villes alpines et le mode de vie dans ces villes sont énergivores et que le changement climatique aura de profondes répercussions sur leur durabilité. Parce qu’une grande partie de leur économie dépend de leurs ressources naturelles, les changements et la variabilité du climat auront un impact sur leur capacité de soutenir le tourisme et les emplois.
Cependant, la conférence était axée sur les solutions et n’était nullement catastrophique. J’ai eu l’occasion de discuter avec Chris Menges, coordonnateur des programmes de durabilité d’Aspen. Aspen est un leader mondial dans la conception et la réalisation d’objectifs climatiques concrets. Depuis le début des années 2000, ils luttent contre le changement climatique par le biais de politiques et parviennent à réduire leur empreinte carbone même avec une population qui augmente. Chris est à l’avant-garde de plusieurs de leurs initiatives en cours et a participé à une table ronde sur les plans d’action pour le climat de diverses communautés. Le message retentissant du groupe d’experts luttant contre le changement climatique était le suivant: «Faites-le maintenant».
Surplombant le lac depuis Van Sickle Bi-State Park.
J’ai pu enfin pu aller au lac Tahoe pendant ma dernière journée. Devin Middlebrook, un planificateur du Tahoe Regional Planning Agency (et membre du conseil de la ville de South Lake Tahoe) nous a offert un tour d’auto autour du lac lorsque notre visite prévu en autobus a été annulé en raison d’un nombre insuffisant d’inscriptions. Nous avons eu l’occasion de voir la célèbre baie d’Émeraude, des saumons en période de frai et des magnifiques vues sur le lac. C’était la cerise sur le gâteau après une semaine incroyable passée avec des personnes inspirantes qui cherchent à bâtir un avenir meilleur.
J’espère rester en contact avec plusieurs de mes nouveaux amis et j’ai tellement profité de cet événement. En fin de compte, j’ai appris que les villes alpines font face aux mêmes problèmes que toutes les communautés et toutes les villes, mais souvent de manière plus aiguë et immédiate. Cependant, ceci crée une opportunité pour l’innovation et il existe un potentiel pour les villes alpines et les stations balnéaires de nous conduire vers un avenir plus durable.
Piste cyclable récemment complétée à North Lake Tahoe. Le plan consiste à terminer une piste cyclable autour de la totalité du lac.