Crédit Photo: Paul Zizka
PearlAnn Reichwein et Karen Wall explorent le campus de l’École des beaux-arts de Banff comme une manifestation d’après-guerre d’un paysage culturel moderniste international dans un paysage culturel plus vaste d’un parc national célèbre. Ils soutiennent que la construction du campus reflète les intersections du capitalisme et les processus de spatialisation du Canada moderniste. En reprenant les concepts d’Henri Lefebvre sur l’espace comme une production culturelle des relations sociales et les idées de Jody Berland sur le modernisme Canadien, Reichwein et Wall situent l’École des beaux-arts de Banff comme un «important espace et institution culturelle au sein d’un parc national» qui a «cartographié le modernisme international de l’après-guerre sur l’identité de Banff et le patrimoine urbain. »
L’école de Banff est née de l’imagination de David Cameron, directeur du Département D’Études-Supplementaires à l’Université d’Alberta. Il a envisagé un «Salzbourg d’Amérique», qui combinerait l’esthétique d’un parc de montagne avec un capital artistique pour créer un paysage symbolique et culturel. L’école fonctionnerait comme un lieu d’apprentissage tout en étant essentiel pour le tourisme de Banff à l’échelle nationale.
Au début, l’Université a organisé des séances d’été dans un auditorium public et a partagé des locaux appartenant à la commission scolaire locale. Au milieu des années 1940, les inscriptions pour les cours d’été ont augmenté et le président de l’Université d’Alberta, Robert Newton, a cherché d’agrandir l’école pour profiter de la beauté pittoresque de Banff. Cameron a découvert un site parfait à moins de six minutes de marche de l’avenue Banff qui avait «la plus belle vue de Banff».
Le site de Saint-Julien était considéré comme un aménagement touristique prestigieux qui contribuerait au développement national. Le gouvernement fédéral fournirait la terre moyennant un bail d’un dollar par année. Reichwein et Wall croient que le site reflète le discours sur le développement national de l’après-guerre alors que les autorités scolaires et fédérales construisaient le paysage urbain du parc national Banff.
En 1947 et 1953, les premiers bâtiments de l’école de Banff ont ouvret dans un style international-moderniste qui a incorporé des toits plats et de grandes fenêtres. Les dessins architecturaux initiaux avaient dépeint des concepts traditionalistes, mais les instructeurs d’art s’étaient opposés à ces conceptions, en réclamant des bâtiments plus modernes. D’autres ont préféré les conceptions traditionalistes, en croyant qu’elles étaient plus appropriées pour un environnement de montagne. Reichwein et Wall remettent en question les conceptions international-modernistes et ont demandé s’ils reflètent une emphase sur l’universalisme par rapport aux identités locales uniques. En outre, ils se sont demandé si le rêve de Salzbourg avait assimilé dans des tendances globalisantes.
Reichwein et Wall soutiennent que la construction moderniste de l’école Banff a trouvé sa place dans les conceptions traditionnelles et rustiques nostalgiques qu’on trouve plus souvent dans les parcs nationaux du Canada. L’apparence « avant-garde » du campus a mélangé l’art et le design dans le paysage montagneux et a présenté un paysage culturel urbanisé comme une beauté de montagne. L’art était considéré comme essentiel aux capital culturel et aux constructions des paysages culturels dans les Rocheuses Canadiennes et a créé des interactions spatiales et sociales complexes. À Banff, l’école a servi comme un espace où «la nature et la culture se rencontraient ».
En intégrant la dialectique d’espace de Lefebvre, Reichwein et Wall croient que l’école de Banff peut être comprise comme un processus de pouvoir façonné par le territoire, l’imagination et la vie quotidienne. L’art était considéré comme un moyen de connaître et la nature était institutionnalisée dans le paysage universitaire qui mélangeait Salzbourg avec des idées de conception cosmopolite. Ce campus urbanisé agit comme «un rappel de la politique de l’espace éducatif. » Reichwein et Wall concluent en reconnaitre la récente construction du Centre Kinnear pour la Créativité en 2010 et la démolition de Donald Cameron Hall en 2011. Ces développements reflètent les politiques fédérales pour le développement néolibéral et représentent les idées de spatialisation capitaliste dans les montagnes du Canada. Ils croient que les origines du campus aident à définir les arts et l’éducation comme des capitaux qui enrichissent et diversifient les économies à travers les espaces publics «de la dernière modernité de l’Occident contemporain».
Cet article est écrit par Michelle Murphy. Pour plus des renseignements, lire la recherche originale publié (en anglais) :
Reichwein, P. and Karen Wall. “Mountain Capitalists, Space, and Modernity at the Banff School of Fine Arts.” In Finding Directions West: Readings that Locate and Dislocate Western Canada’s Past, edited by George Colpitts and Heather Devine, 203-231. Calgary: University of Calgary Press, 2017.